Si ce soir le dernier souffle frappait à votre porte, quel vent guiderait vos ailes ?
Celui qui oriente au large des côtes traditionnelles éclairées par les phares sur le sol de nos habitudes ou celui qui claque les volets réunissant les siens autour de l’accueillante cheminée enflammée par les méandres de nos âmes ?
Je suis Gustave, aujourd’hui je pars en mer et non sans mal. A l’abordage moussaillon ! Il est temps de côtoyer le grand air : toutes voiles dehors, adieu beau rivage ! L’aventure émerge ainsi des flots alors que la faim alerte nos vies depuis la traversée courageuse de nos terres. Cap au compas, les rosaces de nos destins se fixent désormais au Nord abandonnant sauvages paysages. A l’embarcadère de nos instabilités, une frayeur enveloppe soudain mes doutes. « Larguez les amarres » disent-ils, les miens sont déjà si loin… Le bonnet rouge tricoté par Granny me rassure, je pense à l’occident de mes désirs, il semblerait que Cousteau chaperonne mon périple. Oh Calypso, enlève cet air triste étranglé de conditions misérables, visage de tes voyageurs. Pour ma part, la découverte excite le papillon naissant, éphémère des temps modernes, puisse-t-elle être à la hauteur des chants qui ont guidé ma jeunesse. Angélus de la mer, aurai-je ton soutien au fil de l’eau tourmentée par tes vagues ? A vrai dire, je suis vierge de navigation, tu fais danser mes pieds sur la coque de tes entrailles ignorant de qui peuple ton infini. Au Katanga nous disons « kipya kinyemi ingawa kidonda » (une nouveauté a son charme, même si c’est douloureux) et crois moi, je souffre. Sans crier gare, dame nuit habille le ciel du noir de sa parure ne faisant qu’un avec l’océan des curiosités. Le sommeil atteint alors la lueur de mes inquiétudes. Demain serai-je vraiment loin des frissons de l’horreur ?
Les pleurs du goéland éveillent mes sens chavirés par l’odeur humide et la saveur salée de la commissure de mes lèvres. Mes paupières lourdes ont peine à réaliser l’intensité lumineuse éblouissante de splendeur. A bord de tout soupçon, ma réserve d’eau est moindre… Malaises en cascade battent le rythme des courants écumés par les songes d’une nuit volée.
Bonjour belle mer, ton tumulte manifestement encré au plus profond de tes abysses confondait mon ignorance. Puis-je être ton adopté ? Ma terre a colorié l’orphelin que je suis, si mon souffle te déplaît, entends ma requête, je t’en prie. Eau toute puissante, soigne ma soif et bannis l’épuisement latent. Apatride d’hier, « ah mer ride » j’inventerai demain, mots pour maux, mon entièreté faisant foi.
Quatre jours durant, faim au ventre, espoir en main et balivernes aux oubliettes, je refuse d’être une victime de plus, une de trop. A bout de force, Mirage a raison de moi. C’est ainsi que je nomme un matelot imaginaire de circonstance, Mirage, curieux compagnon de traversée. En toute simplicité, nous échangeons : « Nous partîmes cinq cents, mais par un non renfort, nous nous vîmes trois cents en arrivant au port »… Ah ! Vieille corneille ! Aussi rouillé que la poupe, le vent en grâce, je ne sais quelle énergie me maintient en vie. La faiblesse des autres ne doit pas m’abattre, trop ont déjà salué l’eau de là. Nous résisterons Mirage, pour nos frères, pour nos rêves. Et si j’étais resté auprès de mes balubas ce soir, j’aurais mangé peu mais chaudement admirant Shani à la lueur des flammes endiablées de désir. Mes yeux s’aveugleraient sur ses seins partageant des hanches généreuses, je boirais son corps, osmose parfaite rayonnante dans l’immensité brutale d’une si rare beauté. Un aiR chaud me remplit, Shani, j’avancerai en toi sur ces terres inconnues, c’est promis, nos ardeurs vaporeuses parfumeront bientôt ma peau. Immédiatement parti, je reviendrai Fidel pour nos vies. Mirage, aide-moi, orteils et mains gelés j’hume l’effluve, fiévreux, ma tête ensommeillée plonge lourdement à la dérive de mes folies. Là-bas, on aurait pris soin de moi. Shani je sais que tu danses pour les esprits voyageurs, je le sens, je te vois, petit cheval fougueux, je t’aime tant, mon coeur s’emballe, battons la chamade !
Au secours, je me noie, vide joie … – – – …
Aurais-je fait tous ces efforts, toutes ces concessions sans jamais tanguer le Paris que Granny contait si bien ? Est-ce ainsi que se termine les aventures de Cousteau ? Calypso, ta fougue de clapotis, serait-ce un bravo ? Et Shani, quand te reverrai-je ? Non, non, non !
Où suis- je ? Larmes du ciel cognent-elles une fenêtre ou est-ce de nouveau la houle de tes caprices ?
« ¿ Hola que tal ? » Je n’oublierai jamais cette voix pleine de vie terrestre aux sonorités étrangères. Depuis, chaque « bonjour » partagé a beaucoup plus qu’un sens de politesse bien pensante. Si vous frappez chez moi, du toc toc toc, un « mi casa es tu casa » fera dorénavant écho.
Paris attendRa, ici on me sauva !
© Emilie ZébeRt
Comme d’hab’ c’est bon trés bon de mieux en mieux je t’aime princesse… On ne dit jamais assez aux gens qu’on les aime😘
Mais d’où vient cette imagination ??? Bisous d’amour