Elle respire, c’est une fille. Vivace, elle grandit sans préavis, aujourd’hui elle rebondit près de lui. Appelez-la Élise pour la lettre. Etranges sont ses convictions et son optimisme déjanté. Tel un caméléon, elle a su harmoniser sa vie malgré un certain manque d’équilibre, selon eux. Eux c’est vous, c’est moi, c’est elle. Les conversations la nourrissent, artisane de la bonne discussion, elle l’entame sans rond de jambe. Si jamais un homme, puisqu’elle est femme aujourd’hui, n’a d’intérêt que pour sa beauté, elle en joue terriblement, fatale en impétuosité. A contre-courant, sa singularité attire les passants hasardeux. Son salon littéraire est populaire, elle ne « Boileau » qu’en représailles. Constamment à la recherche des autres, au-delà de leur savoir, c’est l’humanité qu’elle décèle, certainement la peur de l’abandon, une fois n’est pas coutume. Autant souligner ses silences inquiétants qui mènent à la dérive son entourage. Si Élise se tait, Chloé écume ses jours.
Chloé, non loin des nénuphars, vit nue, hantée par d’innombrables utopies. L’aiR perdu, parfois même un peu triste, le peintre sait les détours de son visage et la convoite impunément. Si seulement l’homme de tous les hommes était, elle chanterait la tendresse. Hélas la mélodie de ses songes ne trouve grâce qu’à des heures farfelues. La poésie masculine rime à l’aurore d’une aventure puis l’imaginaire doit combler la suite par amour. Une tragédie répétitive, une histoire de lever de soleil. Enfin l’enfant désiré ne connaît pas encore le visage de son père. Dure réalité couronnée d’incertitude fatigante. Son amie, sans moindre mesure, la soigne. Grâce à leur affinité Chloé a saisit la chance du « moins pire » masquée par un sourire conventionnel. Recroquevillée lorsqu’elle s’endort, un ange veille sur ce petit oiseau nappé de duvet sous ses plumes. Pure câline, il l’enroule dans ses ailes prétextant un meilleur lendemain ; il l’aime, elle s’en assure, naïve, avant de perdre toute illusion.
La musique éveille malaisément Roxane encore noyée dans les vapeurs nauséabondes de la veille. L’oeil hagard, elle se souvient de cet homme féministe qui a charmé sa soirée, il était belle. Roxane, à la personnalité débordante, n’a peur de rien. Rafraîchie à l’eau bellifontaine, fin prête, elle sillonne les routes parisiennes, cavalière des temps modernes. Les terrasses l’entraînent d’euphorie en moments partagés, sans tabou, ni kangourou, elle s’en fout ; ce soir elle joue, hibou, caillou, genou. Demain la salle sera scène, elle rira sans doute, essuyant les verres des accoudés du bar. Imprévisible, Roxane peut jaillir si l’injustice mord son oreille, « prends garde à toi ». Le scandale nourrit son aura, pas de repos au combat, elle affronte, effrontée, effarée, affamée. Elle a la force pour les faibles et s’amuse comme vous vous ennuyez. L’indigence l’horrifie, de ce fait, sans scrupules, elle se prononce puis dénonce à ses risques et périls. Ensuite nous verrons bien, des aventures elle en a plein, rien ne la retient.
Bérénice prend racine dans sa cabane. Plantations côtoient guirlande, bouquins, bibelots, cadres et boîtes. Une vie pleine de détails exposée dans cet atelier à coeur ouvert. Le choix précautionneux de leurs emplacements l’inspire lorsque les pinceaux guident ses mains sur la toile ou que ses doigts s’agitent sur les lettres pour les mots de ses idées. Côté casseroles, la vue de sa fenêtre digne d’un décors de la nouvelle vague influence les recettes qu’elle explore au croisement des gourmandises. Bérénice filme sa cachette de la rue Lhomond car les souvenirs envoûtent ses moulures. Là où Roxane dérange, Bérénice arrange, méticuleuse et ordonnée malgré son incohérence. Elle flâne du lit au bureau, chaussures dans un coin, miroirs suspendus, vêtements éparpillés. Musique en l’aiR, elle danse, voisins à l’affût, mouettes sur cheminées puis épouse sa baignoire, les yeux dans le ciel. Croissants chauds et oranges pressées, ce sont les matins aimés. La coquetterie n’est qu’une affaire de badinage.
A l’octobre de mes « moi », je suis de nouveau une autre d’entre elles. Elise, Chloé, Roxane ou Bérénice habitent le même corps, celui que, des soeurs Brontë, l’on nomma Emilie. Nous rêvons ensemble d’une accordeuse qui ajustera nos dérives, élèvera nos esprits, cultivera le savoir dans l’écoute respectueuse de notre environnement peuplé de voyages sans frontières. Nomade de l’instant, l’Homme que nous sommes unira nos libertés, bonheur dans les valises, destination le partage. Ne pas dilapider notre temps de vie, ni gaspiller nos humeurs, attiser la sobriété, la réflexion, la curiosité rebelle loin du pouvoir politique démoniaque et autodestructeur. Nous nous battrons sans cesse face à l’abondance abusive de nos contemporains éblouis par le paraître ridicule qui creusent des inégalités irréversibles. Surtout nous sommes Femme prête à mourir pour les siennes et créatrice d’un nouveau monde. L’expérience génère une remise en place perpétuelle de notre respiRation, nous sommes ce que nous faisons. Et vous ? Comment vous appelez-vous ?
© Emilie ZébeRt
Moi, c’est Annick, des fois Ni-nick, actuellement on me compare à Duchesse des Aristochats mais je ne dirai pas ce qui ce cache derrière ces noms, trop réservée et surtout, je n’ai pas ton talent. Je suis ta première fan et j’adore cette nouvelle.
Il s’en passe des choses dans cette rue Lhomond dis donc ! Parce que tel est notre bon plaisir 😉 Bravo, j’adore.
J&Elle
C’est ma préférée de toutes….comme quoi les femmes sont multiples et riches de plein de choses….j’aurais bien dit, appelez moi George….😘 Pour le commentaire avorté….adresses toi à Claire ….maman oú est mon sac, fais moi réviser mes tables…etc….etc… Et en faisant plusieurs choses à la fois, tu peux pas être géniale tout le temps forcément…
Dans l’alambic de tes pensées les mots se croisent et s’entrecroisent pour donner un nectar que l’on sirote avec délice, le sourire aux lèvres et la joie au cœur. Merci Émilie.
;)) voilà de superbes commentaiRes, merci, merci !
L’air de rien il y a beaucoup, l’envie profonde d’exister, tes mots me touchent Emilie…
Quel est ce nouveau monde
Les hommes ont trop souvent ce regard puéril sur la femme.
Quelqu’uns savent regarder, remarquer apprécier et comprendre, qu’au-delà de cette apparence aussi belle soit-elle, la femme cache bien des trésors.
Ce magnifique texte, par la générosité de ces mots, nous dévoile cette femme, pleine de douceur,
de tendresse, de compassion, d’énergie, de charisme, d’amour et tant d’autres choses que bien des hommes ne sauront jamais apprécier.